Pierre Niney est au sommet de son art dans un thriller qui emmène le protagoniste dans une véritable spirale paranoïaque.

Pourquoi le vol Dubaï-Paris s’est-il crashé ? C’est la question à laquelle Mathieu Vasseur (Pierre Niney) va devoir répondre. Accident ? Acte terroriste ? Défaillance technique ? Technicien acousticien, Mathieu est désigné enquêteur en chef sur ce crash. Il conduit une enquête minutieuse. Au fur et à mesure, il découvre que la thèse officielle de l’attentat suicide est fausse. Plus il recherche la vérité, plus il se sent menacé. Les diverses crises – personnelles et professionnelles – que traverse le personnage principal emmène le spectateur dans une atmosphère anxiogène que ne s’essouffle pas tout au long du film.
Le climat général de suspicion plonge le spectateur dans une atmosphère pesante voire angoissante. Cette sensation oppressante est accentuée par les couleurs froides de la réalisation photo. Les couleurs grises, bleues et blanches sont favorisées renforçant l’aspect anxiogène du film. Cette réalisation cinématographique qui plonge le spectateur dans la situation cauchemardesque du protagoniste accentue les doutes concernant les véritables raisons du crash. La santé mentale du personnage principal va rapidement semer le doute. Au fur et à mesure, Mathieu Vasseur ne va vivre que pour cette enquête. Cette quête obsédante de la vérité le pousse à la paranoïa. Son raisonnement devient de plus en plus confus. Le protagoniste commence à avoir du mal à distinguer les menaces réelles des menaces imaginaires. Il soupçonne tout le monde, y compris sa compagne Noémie (Lou De Laâge) qui travaille pour le transporteur touché par le crash. Un comportement d’auto-sabotage qui mène à la rupture entre lui et sa compagne. Le climat de suspicion de plus en plus lourd contribue à créer cette atmosphère angoissante et ambiguë.

Le réalisateur Yann Gozlan – qui a dirigé Pierre Niney dans Un homme idéal en 2015 – nous amène de piège en piège. Dès que le spectateur pense être sur une piste, un rebondissement change sa certitude. Difficile de démêler le vrai du faux dans cette histoire où tous paraissent coupables. Les analyses des enregistrements de la boite noire ne perdent pas le spectateur dans des détails trop techniques d’aviation. C’est sur le protagoniste que repose la trame narrative du film. Bien qu’il soit propulsé chef, il ne trouve pas de réelle satisfaction à sa promotion. Un brin énervant et arrogant, son obsession pour les détails le met en danger. Bien que son perfectionnisme lui permette de trouver rapidement de nombreux éléments concernant le crash, son obsession de la vérité va vite tourner à la paranoïa. Une mise en abyme de notre société actuelle où les théories du complot explosent. Boite Noire est une réflexion intéressante de notre société.
Laura Marty