Racisme, sexisme, stéréotypes ou encore humour noir pour aborder le douloureux passé. Inspiré du film culte « Les Visiteurs » Thomas Ngijol et Fabrice Eboué ont osé produire « Case Départ », une comédie qui se moque de la traite négrière.

Joël et Régis Grosdésir sont des demi-frères hauts en couleurs. L’un d’eux est au chômage, l’autre est comptable et conseiller municipal. Ils ne se voient que rarement cependant, ils doivent se retrouver aux Antilles pour rendre visite à leur père mourant. À sa mort, ils reçoivent pour seul héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves. Déçus de ne pas avoir hérité de la fortune du vieillard, ils décident de déchirer ce précieux papier qui les fait voyager dans le passé au temps de l’esclavage.
Quand on est noir et qu’on voit des noirs courir, on cours, c’est une règle de survie !
Rattrapé par des chasseurs d’esclaves, Régis et Joël se font vendre dans un marché pour travailler dans des plantations. Nus et seulement habillés de sous-vêtements colorés, cette triste réalité qui a traumatisé et détruit plusieurs familles a perdu de son sérieux. Mr Jourdain, propriétaire d’esclaves, finit par les acheter. Dans sa plantation, les deux frères vont subir toutes formes de discriminations et de punitions allant des coups de fouet au fer rouge. Dans ces scènes macabres l’humour est insupportable. Pendant les dîners, Régis en tant que domestique assiste aux conversations racistes et absurdes des maîtres de maison. Les nombreux clichés et propos racistes nous laisse perplexe et parfois sans voix.

Libertééé !! (coup de fouet) Égalitééé !! (coup de fouet) Nique ta mèreee !!
Le voyage prend la forme d’une leçon d’histoire pour les deux personnages qui ignoraient avoir des ancêtres. Ils subissent les châtiments avec un humour décalé à la française. Alors qu’il se fait fouetter, Joël détourne la devise de la République française en remplaçant le mot »fraternité » par une insulte courante chez les jeunes.
Se moquer de la traite négrière est un pari risqué. Peu nombreux sont les films français qui parlent de l’esclavage. En choisissant la carte de l’humour, les comédiens Fabrice Eboué et Thomas Ngijol n’ont eu peur de rien. Dans cette comédie, les passages historiques et instructifs sont détournés de leurs caractères émotionnels. Les scènes dures de l’esclavage sont alors banalisées. Évoquer et dénoncer l’esclavage avec humour est-il efficace ? Oui, si le film est parfaitement réalisé. Controversé, « Case Départ » est un flop à ne plus reproduire.