
Daté du début du XIXe, la peinture nommée simplement : Partie de Rugby illustre une dynamique particulière propre à ce sport.
Que nous dit cette œuvre de mouvement cubiste ? Un triangle, sur le côté gauche du tableau, se forme à l’aide des sept rugbymen. Les joueurs poursuivent le ballon et s’entrechoquent. Il n’y a que peu d’espaces vides dans l’œuvre. La brume épaisse grise finit de remplir la composition déjà chargée. Il s’agit d’un temps lourd ou les nuages dominent largement le ciel. Semblable à eux, les joueurs paraissent à des danseurs en élévation. Vous l’aurez compris, l’œuvre d’André Lhôte laisse place au mouvement. La couleur est présente sur les maillots des joueurs. Le rouge, le jaune, le vert et le bleu morne, gouvernent le tableau. Malgré la présence de celles-ci, une teinte effacée et vieillie se dégage de la scène. Le soleil n’est pas présent, mais il pourrait bien être le ballon tant convoité par les joueurs en haut de la composition. Des hommes sont en haleine et tentent de l’attraper. D’autres sont positionnés afin de supporter le porteur lors de la réception de la balle.
L’action, prise sur le vif, expose une géométrie intéressante. Le triangle, formé par les joueurs, est composé de reliefs rectangulaires. Les maillots ajoutent de la complexité dans la composition. Entre les rayures et les carrés, le regard se perd dans cette profusion de formes. Il s’agit probablement d’un match anglais, comme le suppose le slogan « event » à l’arrière gauche du tableau. Les traits rectilignes ne sont pas les seuls, on discerne avec facilité les fesses rebondies mises en parallèle avec les nuages. Ces mêmes demi-cercles sont dessinés avec une taille similaire. Comment ne pas apprécier cette association de formes et de courbes ? L’action sportive est mise en harmonie sur la toile. Le sport et l’art semblent ainsi s’associer et se compléter.
Justine Couaillac