Amazon totalise 865 milliards de dollars de capitalisation boursière. Une suprématie qui se décline au détriment du respect des droits de ses salariés selon un rapport publié par Attac France en novembre 2019.
Commander et payer en un seul clic de souris, livraison ultra-rapide, le plus grand choix possible de produits et les tarifs les plus bas est la recette gagnante pour Amazon. Un rythme de production super rapide qui met en danger les conditions physique, morale et financière des salariés de la compagnie. D’après le même rapport, qui est intitulé “Impunité fiscale, sociale et environnementale : immersion dans le modèle Amazon”, Amazon compte 645 000 salarié·e·s dans le monde et 6 sites logistiques. Elle dispose également de 10 agences de livraison et 2 centres de tri.
Amazon fait appel à une main d’œuvre souvent non qualifiée et moins chère dans les entrepôts . Les intérimaires représentent souvent la moitié des effectifs, comme cela a pu être constaté en Allemagne, en France et en Pologne, et ils sont recrutés à travers les boîtes d’intérim et non par Amazon directement. Ces « badges verts », les intérimaires en langage Amazon, opposés aux « badges bleus», représentent l’épine dorsale de la compagnie. Ce n’est pas un choix au hasard mais bien calculé. Ces intérimaires ne peuvent pas protester contre les conditions de travail et n’osent pas se mobiliser parce qu’ils craignent de perdre leurs emplois.
Le rythme super rapide de la production a des lourdes conséquences sur la santé des salariés. Travailler chez Amazon c’est être sous pression d’un travail toujours plus accéléré et harassant. L’entreprise impose tellement une productivité en hausse constant que “certains postes les salariés marchent plus de 15 kilomètres par jour et portent souvent des charges lourdes”. En outre, Amazon met en place des stratégies pour un maximum d’efficacité et de vitesse. Les “pickers” , qui sont responsable de préparation des commandes, sont dotés d’un “PAD”, “appareil électronique connecté leur fournissant toutes les informations nécessaires en temps réel: localisation du produit, quantité commandée, zone de regroupement de la commande”. En se basant sur les informations transmises , les responsables peuvent géolocaliser les “pickers” et contrôler le temps d’exécution de leurs tâches. Cette stratégie contribue à la déshumanisation de travailleurs et elle vise à les transformer en robots rapides.

L’entreprise exige de ses salariés de travailler les weekends et pendant les nuits, un rythme qui fait souffrir le corps et la morale.” En France, la multinationale a réalisé le tour de force d’appliquer celle du transport et de la logistique, qui est moins favorable aux salarié·e·s concernant l’attribution de primes, la possibilité de travailler la nuit et le dimanche”. En 2019, l’Union syndicale Solidaires a d’ailleurs saisi le tribunal à ce propos. Avec un tel rythme et un travail de nuit, les syndromes d’épuisement, les accidents du travail et les licenciements pour inaptitude sont fréquents. Le nombre de salarié·e·s qui sont touchés par des troubles musculo-squelettiques et des maladies professionnelles est en augmentation. Selon le rapport, un bilan de la médecine du travail établi en 2015 concernant les salarié·e·s du site de Saran “ fait état de 173 personnes « aptes avec restriction médicale» pour un groupe de 901 salarié·e·s déclarés «aptes», soit 20 % !”. Malgré que cette souffrance physique est dénoncée par les équipes syndicales en France, en Allemagne, en Pologne ou ailleurs, Amazon ne cesse pas de profiter de ses travailleurs et s’enrichir sur leurs dos.

Amazon met la situation financière des salariés aussi en danger. “L’auto-exploitation et cadences infernales pour gagner tout juste de quoi survivre et sans aucune protection sociale” se manifeste sur son programme “Amazon Flex” qui permet n’importe qui de devenir un livreur chez Amazon. Il suffit d’avoir le permis, une voiture ou un vélo ainsi qu’un téléphone. Amazon développe également un service de micro-travail depuis 2005. “Amazon Mechanical Turk” est une plate-forme web qui “fait réaliser à des internautes des tâches plus ou moins complexes comme identifier des objets sur des images, traduire ou transcrire des documents ou des sons, renommer des fichiers, réaliser des requêtes sur des moteurs de recherche, etc”. Ceux qui font ces tâches en ligne n’ont aucun statut ni contrat de travail et pour une rémunération dérisoire. Selon le rapport, “une micro-tâche est généralement payée entre 1 et 5 centimes de dollars.” Une rémunération dégradante de la part d’une entreprise puissante.
En plus de cela, les positions de salariés sont en danger comme ils sont en train d’être remplacées par des machines. Par exemple, en juin 2019, Amazon a annoncé être bientôt prête à livrer ses colis par drones. Des machines devraient aussi bientôt remplacer les “pickers”. A cause de cette stratégie, “Amazon ne compte en 2017 plus que 4,7 salarié.e.s pour 1 robot, contre 7,7 en 2015”. L’entrée d’Amazon sur le marché de l’alimentation est une perspective particulièrement inquiétante pour la grande distribution.“Amazon Go”, un magasin sans caisses dans lequel les client·e-s peuvent faire leurs achats sur une application sur leur téléphone dans. 3000 magasins seraient envisagés à l’horizon 2021 dans le monde… Ce magasin virtuel menace le travail des caissiers et caissières. “En France c’est 170000 emplois de caissiers et caissières qui sont potentiellement menacés.

Quel est l’avenir d’une telle entreprise multinationale et puissante? quand reconnaîtra-t-elle ses violations des conditions de travail et rendra hommage à ses travailleurs?
Narimane Dhaoui