“Elle a le cheveux de jais, le visage hiératique, et la silhouette d’une princesse de bas-relief égyptien”, elle est aussi toutes ces femmes qu’elle se disait incarner, une à une façonnée par le flot d’une vie de gloire, de travail acharné et de passions meurtries.

Dalida, c’est plusieurs femmes pour une vie fragmentée, de sa naissance au Caire en 1933 à son suicide à Paris en 1987. C’est une transformation qui commence dès l’enfance dans cette maison blanche qui restera le berceau d’une période difficile, entre un père violent profondément marqué par sa détention en camp de prisonniers et une maladie infectieuse aux yeux.

Elle y est Iolanda Gigliotti, la petite fille boulotte aux grosses lunettes et au strabisme, jouant avec ses frères “comme un garçon” et vouant une adoration “presque morbide” à sa mère. (cf Dalida, c’est l’histoire d’un amour, portrait FranceCulture)
C’est à 16 ans que Iolanda se transforme pour la première fois en ôtant ses lunettes imposantes; elle voit parfaitement et elle aussi peut être vue. Ce tournant dans la vie de la jeune fille agit comme une prise de conscience de son attractivité. Iolanda prend confiance en elle et souhaite montrer ce nouveau visage au monde, d’abord dans un concours de beauté local puis lors de l’élection de Miss Egypte en 1954, qu’elle remporte. Celle qui rêve de devenir actrice et suivre les pas de son idole Rita Hayworth s’envole pour Paris la même année, et finit par être repérée dans un cabaret prestigieux pour faire de la chanson. Des concours de beauté d’Egypte aux scènes de Paris, tout va très vite pour Iolanda qui choisit son nom de scène, ce sera Dalida.

Cette nouvelle mutation signifie le début de sa vie publique, médiatique et sentimentale. Trois grands amours fractionnent cette nouvelle vie en tant que Dalida, trois hommes qui marqueront la chanteuse par leur intensité et leur issue tragique; tous finiront par se suicider. A chaque drame, Dalida va se transformer jusqu’à endosser un deuil trop lourd qui la mènera à une tentative de suicide en 1967. C’est la mort de Luigi Tenco qu’elle vit comme un véritable déchirement, ayant été la première à découvrir son corps dans une mare de sang. De la femme amoureuse, Dalida devient la femme maudite. Si l’on peut voir cette succession d’événements bouleversants comme une descente vers la fin pour Dalida, c’est aussi une période où le public scelle son affection pour la chanteuse. Plus vulnérable et plus simple qu’à ses débuts, elle donnera à ses fans conquis des titres graves et mélancoliques qui feront l’unanimité.
La métamorphose de la femme aux mille visages passe aussi par cette quête inlassable du “vrai amour” comme elle le confiait à un journaliste de télévision (cf interview vidéo ci-dessous). Chaque homme de sa vie était un tâtonnement, vers le véritable amour qu’elle semble n’avoir jamais pu atteindre. Pour certains, c’était l’amour d’un père que la petite Iolanda n’a jamais cessé d’essayer de trouver, éclairée dans ce chemin de vérité par la lumière des projecteurs.